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Association des gabonais d'Amiens (AGA)
13 juin 2012

INTERVIEW DE PARFAIT NDONG Ancien défenseur international gabonais, entretien accordé au chargé des sports de l’AGA le 1er juin

Ndong ParfaitAGA : Nous sommes en ligne au téléphone avec monsieur Parfait Ndong, ancien défenseur international gabonais dans les années 90, que nous remercions pour l’honneur qu’il nous fait de répondre à cette petite interview. Mr Parfait Ndong, bonjour. Avant toute chose, comment vas-tu ?

Parfait NDONG : Bonjour. Je vais très bien, merci à vous tous.

AGA : Avant d’aller plus loin, il est vrai que vous ètes un ancien international gabonais connu de beaucoup, mais il y’a peut-être des gabonais qui ne te connaissent pas notamment les plus jeunes. Pourrais-tu te présenter : qui tu es, ta carrière, ce que tu fais depuis l’apres foot, ce que tu deviens ?

P.N : Oui, donc je m’appelle Parfait Ndong, je suis né à Ndjolé en 1971, ma mère originaire d’Ebel Abanga. J’ai grandi au Gabon, j’ai commencé à jouer au foot jeune, j’ai intégré mon premier club gabonais en 1986 et j’ai joué en D1 gabonaise dans des clubs tels que Petrosport, Shell FC (devenu ensuite FC Mbilinga). J’ai ensuite été international gabonais, je compte 43 sélections en équipe nationale.

Puis j’ai eu l’occasion d’aller au Portugal, j’avais été vu pendant la Coupe d’Afrique des Nations par le Vitoria Setubal. Puis à Setubal par rapport au nombre limité d’étrangers j’ai été prêté à Mora, Maia au Portugal et j’ai quand même fini en première division au Portugal à Chaves. Et après suite à un accident avec l’équipe nationale du Gabon en Namibie pour les éliminatoires de la coupe du monde, j’ai eu une double fracture au genou : ligaments croisés, ligaments internes, j’ai eu la totale un peu. J’ai eu durant une année du mal à m’en remettre. Et puis j’ai décidé d’arrêter ma carrière, en décidant d’arrêter j’ai été repêché par un ancien manager qui me connaissait bien et qui m’avait conseillé de venir en Suisse, vu que le football en Suisse n’était pas tout à fait professionnel. C’est comme ça que je suis arrivé à Sion, à l’époque en deuxième division. J’ai fini avec Sion, et comme avec Sion ça n’allait pas trop, je

suis descendu progressivement en deuxième division en faisant mes diplômes, en reprenant tout à zéro pour préparer l’après-foot. Je me suis installé en Suisse depuis bientôt 16 ans, je suis marié avec une gabonaise avec qui j’ai deux garçons qui ont commencé aussi le foot. Avant ma femme, j’avais eu un garçon avec une suissesse : Franck, qui a 14 ans, qui a été appelé en équipe nationale cadet de la Suisse. Donc on est là en Suisse, à l’occasion j’avais voulu créer quelque chose au Benin, une école de foot, ça avait bien démarré. Et puis après j’avais eu madame Edith, l’ancienne Première Dame du Gabon, qui m’avait demandé de le faire au Gabon. Suivant ses conseils j’ai mis quelque chose en place à Lambarené depuis 2007, quand je me suis marié avec ma femme, de 2007 jusqu’aujourd’hui mes jeunes sont quasiment champions de Lambarené, ils jouent en deuxième division. A Lambaréné j’ai 125 gamins, donc j’ai toutes les catégories…

 

AGA : quel est le nom ? C’est un centre de formation, un club ?

P.N : C’est un centre de formation. Il a pour nom FC Abanga – du nom du village de ma maman, Ebel Abanga- pour plus d’informations vous pouvez aller voir sur notre site www.abanga.ch. J’essaie de les suivre, maintenant j’ai 4 jeunes qui jouent en première division qui sortent de mon école, qui sont dans l’équipe du FC Pélican qui est aussi de la province. C’est ce que je fais à distance. Et puis avec notre nouveau chef de l’état, on essaie de mettre quelque chose en place. Depuis sa nomination j’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer, parce qu’il fait aussi dire que je n’étais pas vraiment dans le besoin. Mais en voyant comment l’affaire part, et puis l’ampleur que c’est en train de prendre, là je pense que je suis maintenant entré dans un cas où j’ai vraiment besoin d’un coup de main de l’état. Et je pense que c’est le moment de demander et de savoir ce qu’ils veulent en faire. Voila ce que j’ai fait jusqu’à présent.

AGA : Quelles sont tes relations actuellement avec les anciens internationaux de ton époque, des années 90 ? Etes-vous en contact ?

P.N : Avec certains on garde le contact, je suis ce qu’ils font, on se connaît, ils connaissent mon tempérament. Mais sans plus.

AGA : Par rapport à l’équipe nationale actuelle, les panthères du Gabon… Est-ce que tu regardes leurs performances actuelles ? Comment as-tu jugé l’équipe nationale lors de la dernière CAN ?

P.N : Si tu veux, la CAN en elle-même, moi j’étais fier. Parce que quand tu arrives ici en route, les copains, les gens te parlent de la CAN et tout… et puis l’équipe avait bien démarré, à part deux ou trois choix qui avaient été mal faits par l’entraineur… Et tout le monde en avait parlé aussi, ouvertement, sur des garçons comme Daniel Cousin, Stephane Nguema qui s’étaient donné de la peine de bien préparer la compétition et à la fin qui avaient été écartés. Bref mais dans l’ensemble moi je dis qu’ils ont fait une CAN normale, je ne dirais pas une grande CAN. Parce que quand tu vois le potentiel qu’il y’a en ce moment en équipe nationale, par rapport au résultat qui a été fait, moi je dis pas qu’ils ont fait une grande CAN, ils ont fait

une CAN normale. Parce que la génération de maintenant et la notre n’ont rien à voir. Notre génération c’était plus le cœur, l’envie. Alors que ceux d’aujourd’hui ils ont le talent mais je sais pas, derrière leur tête est-ce qu’ils ont vraiment cette volonté de représenter le pays comme cela se doit ? Mais le talent y est, ça on ne peut pas le nier. Tu prends un exemple tout bête : tu vois Ovono au Mans, tu vois Ovono en équipe nationale, ce sont deux Ovono différents. Y’a pas photo.

AGA : Ils sont allés en ¼ de finale, comme vous en 1996. Ils ont perdu aux tirs au but, comme la grande équipe d’Azingo en 1996… En regardant ces deux quarts de finale, est-ce que tu as trouvé des points communs, des différences ? Est-ce que ça s’est joué à beaucoup de choses, d’après toi ?

P.N : Ah oui ! Si tu veux, je dis une fois de plus, quand tu regardes l’équipe du Mali et celle du Gabon, y’a pas photo. On est au-dessus. Déjà, on ne doit même pas arriver aux penalties. Et surtout quand tu joues à domicile. Moi, quand je jouais en équipe nationale je l’ai toujours dit : tu peux me battre chez toi, mais chez moi tu peux quasiment dire aurevoir, adieu à tes illusions. Moi j’ai perdu avec l’équipe nationale du Gabon une fois à Libreville, c’était contre le Maroc. Mais plus jamais, plus jamais ! Et puis bon, je n’ai plus jamais rejoué non plus… Pendant mes 43 sélections, c’est la seule défaite à Libreville. Parce que quand tu venais à Libreville pour moi il y’avait double enjeu : il y avait d’abord les trois points, et il y avait mon public derrière qu’il fallait pas décevoir parce que les pauvres ils venaient pour rien. Mais sur les deux cas oui, parce que nous déjà on jouait à l’extérieur donc c’était plus compliqué. Alors que eux là, ils jouaient à domicile, et quasiment contre une équipe qu’on ne connait pas…

AGA : On connaissait quand même l’entraineur (du Mali)…

P.N : Bon, l’entraineur, moi j’ai toujours dit, et ça reste encore… En dehors de ce résultat en quarts, il n’a rien fait de mieux que ce qu’il a fait au Gabon. Rien du tout. Quand tu regardes, moi je l’ai dit au Gabon et beaucoup m’en veulent pour ça…Giresse est peut-être un bon Directeur Technique National, mais il n’est pas un bon sélectionneur. C’est logique. Parce que tu regardes le CV de Giresse comme entraineur, partout où il est passé, il n’a rien fait de bon. Alors comme footballeur, ça on n’en discute pas, mais il reste toujours aussi que c’était dans un collectif… Maintenant comme entraineur, là où il est passé sélectionneur en Iran, jamais il n’a fait quelque chose ! Là il vient de jeter l’éponge au Mali, il n’a rien fait derrière non plus. Au Gabon, avec tout ce qui lui a été donné dans les mains, Giresse n’a rien fait au Gabon. Rien du tout ! Giresse n’a pas fait les performances que Thissen a fait au Gabon, admettons. Ou bien Da Costa même, qui est gabonais, avec moins de moyens qu’il avait. Moi, au Gabon il y a des sélectionneurs qui sont passés qui m’ont marqué, mais y’a d’autres qui sont passés, je sais même pas sur quelle base ils sont choisis…

 

AGA : Justement en parlant de sélectionneurs... Ce n’est pas une question piège, mais est-ce que toi, ou peut-être d’autres anciens footballeurs de la génération 90, est-ce qu’il y en aurait parmi vous qui auraient peut-être l’intention ou le rêve de reprendre un jour la sélection ?

P.N : Moi pas. Tout de suite, je peux te dire, moi pas. Alors, les autres après je ne sais pas. Je sais quand même qu’il y’a des garçons au pays qui ont fait leurs preuves comme entraineurs… Comme Nicaise Ondenot qui a fait ses preuves comme entraineur de club au Gabon. Après maintenant, je ne sais pas ce qu’il a comme intentions… Mais moi pas ! Moi, je suis peut-être fait pour tenir un truc, heu… Peut-être ce qui me traverserait l’esprit un jour, peut-être président de la fédération, quelque comme ça… Mais sélectionneur national, ‘faut même pas penser, quoi.

 

AGA : Nous entrons dans les dernières questions. Tu as joué en D1 gabonaise, au Portugal, en Suisse… Selon toi quelles étaient les différences, les spécificités de chacun de ces championnats ?

P.N : Le seul problème du championnat (gabonais) aujourd’hui c’est qu’il est dépendant de l’état. Là, c’est plus compliqué. A l’époque c’étaient des sociétés privées, des Shell, des ELF, des SOGATRA…Mais aujourd’hui c’est compliqué, donc le championnat aujourd’hui… Y’a moins de bons joueurs quand tu arrives au Gabon aujourd’hui. Moi j’ai assisté à certains matches de première division, y’a pas longtemps. Les étrangers aujourd’hui, ils arrivent au Gabon, y’a certains qui ne sont même pas mieux que des gabonais. Parce qu’on ne fait plus venir de grands joueurs étrangers.

Alors, le championnat portugais reste toujours un grand championnat. Parce que tu as 22 clubs en première division, et puis en deuxième division tu en as vingt. Donc déjà il est compétitif. Après derrière, il ya aussi le problème structurel, au Portugal le championnat n’est pas structuré comme en Espagne, comme je vois ici en France, ou en Angleterre. Parce que bon ben, il y’a moins de moyens, donc automatiquement les clubs sont moins riches. Des clubs comme le Sporting, le Benfica ou Porto vivent des rentrées des coupes européennes.

En Suisse, en première division il y’a quinze clubs. Le championnat ici se joue pendant 6 mois, et puis les joueurs ont 3 mois, 6 mois d’arrêt. En Suisse, y’a 4 clubs : Bale, Lausanne, Servette, et puis Zurich. Ce sont ces 4 clubs qui font le football suisse… Et puis, bon… tu vois, au niveau des équipes nationales, ce n’est pas terrible.

AGA : Bon, quoique… Le Portugal, ils ont de bonnes chances cette année, ils sont parmi les favoris pour l’Euro…

P.N : Oui, bon là… On revient sur une chose : le mental. Parce que le joueur portugais… Je te prends un exemple : les clubs suisses sont mieux structurés que les clubs portugais. Mais maintenant la mentalité, c’est ce qui fait la différence, parce que le portugais il a toujours envie, c’est un bagarreur. Le suisse à un moment donné quand ça va pas, il se rétracte. Tu vois ? Donc à partir de là, tu peux pousser, tu peux pousser, il peut pas…. Moi je vois avec les gamins avec qui joue mon fils, à un moment donné quand les séances sont plus fortes, certains rouspètent. A partir de là, tu vois les limites. Alors que le portugais il ira toujours à l’extrême. C’est aussi un problème mental, les habitudes ne sont pas les mêmes. Il reste que, le Portugal a le meilleur vivier du football européen en ce moment, c’est quand même le

centre de formation d’où sortent les meilleurs joueurs du monde chaque année : des Figo, des Ronaldo, des Quaresma, des Simao… Le meilleur centre de formation au Mond, il est au Portugal.

AGA : Très bien. Dernière question, est-ce que tu aurais un message en particulier pour les amoureux du foot, qu’ils soient gabonais ou pas, qu’ils soient des gabonais d’Amiens ou d’ailleurs… Est-ce que tu as un message pour surement beaucoup de gabonais qui seront contents d’avoir de tes nouvelles à travers cet entretien ?

P.N : Bon, d’abord je tiens à vous remercier pour ce que vous faites pour l’image de notre pays depuis Amiens, c’est super. Que le bon Dieu vous garde, et que vous continuiez dans cette lancée. Maintenant pour le football gabonais, que je connais plus, je demanderais plus à chaque gabonais d’apporter sa petite patte, son petit plus à ce que notre football puisse atteindre le niveau des autres. Même si on a peut-être un retard, on peut combler ce retard si tout le monde s’y met. Ce n’est pas l’affaire de quelques uns, comme je vois on critique le pauvre Eto’o pour son centre qu’il a ouvert au Gabon… Tout le monde peut faire quelque chose, même quand quelqu’un va au Gabon, si tu peux amener un ballon, un maillot aux petits frères, c’est déjà quelque chose. Que nous tous on essaie de faire quelque chose, ne pas attendre. C’est juste ce petit message que je peux donner : essayer d’aider.

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