Les négriers africains des temps modernes
Source: le potentiel(article recommandé par moussavou(st Etienne) pour nourrir le débat dit il...)
Comment expliquer que les "élites" aux commandes des pays d'Afrique noire s'enrichissent avec la complicité d'exploiteurs étrangers sur le dos de leur population paupérisée?
Comment expliquer que les "élites" aux commandes des pays d'Afrique noire s'enrichissent avec la complicité d'exploiteurs étrangers sur le dos de leur population paupérisée?
Pas de doute possible et c'est même une évidence, il n'y a rien qui différencie les attitudes des élites africaines d'aujourd'hui de celles des chefs indigènes d'hier qui s'étaient trouvé la bien triste vocation de vendre, très souvent pour de la pacotille, leurs propres sujets aux Arabes pour peupler les arènes dans le monde arabe et aux Européens pour aller travailler dans les plantations aux Amériques.
A ce sujet, un débat est ouvert actuellement entre penseurs africains. La question est celle de savoir pourquoi seuls les Noirs ont été vendus comme bêtes et non les autres. Avec la situation chaotique que traversent, si pas tous, du moins la plupart des pays d'Afrique noire aujourd'hui, il y a lieu de s'interroger aussi sur la complicité des élites politiques et intellectuelles africaines avec la maffia et les institutions financières internationales dans l'exploitation des richesses et de la paupérisation des populations africaines.
LE NOUVEAU MASQUE
Il n'est un secret pour personne que, après l'indépendance des pays d'Afrique noire, les nouvelles élites qui ont pris les commandes de ces Etats, se sont arrogées le "pouvoir" de défendre leurs populations. Tout en se déclarant, faussement d'ailleurs, nationalistes ou patriotes, elles ont installé, avec la complicité des élites occidentales, le monopartisme. Par la même occasion, elles se sont enrichies sur le dos de ces mêmes populations.
"Incarnant l'Etat, les ministres revêtent l'uniforme, se construisent des palais, arrêtent toute la circulation quand ils prennent le volant, organisent des défilés fastueux et exigent en général qu'on les traite comme des pharaons égyptiens... Les occasions ne manquent pas non plus (à ces détenteurs du pouvoir) d'accepter des pots-de-vin, d'arranger des contrats avec l'Etat, de détourner des fonds publics à des fins privées et de prendre des commissions de toutes sortes. Etre nommé ministre, c'est une chance unique de faire fortune", écrivait Arthur Lewis, il y a plus de quarante ans.
Aujourd'hui, les élites politiques et intellectuelles africaines ont davantage de comptes à rendre au monde occidental -ou à ce que l'on peut qualifier de communauté internationale- qu'à leurs propres populations. Et pour cause, ces élites vivent grâce à l'aide occidentale et aux rentes résultant de la vente des matières minières... Ainsi elles contribuent à l'exploitation des ressources naturelles comme du temps de la traite négrière où les chefs indigènes faisaient la chasse à leurs propres sujets pour les vendre contre des tissus et autres produits. Le comble dans cette situation est que ces négriers des temps modernes placent leurs fortunes dans des banques occidentales ou des paradis fiscaux. Résultat, les populations africaines s'appauvrissent davantage.
Et comme il est évident que la situation finisse par devenir intenable pour ces pauvres peuples d'Afrique noire, les complices des négriers africains font tout pour proposer des remèdes. C'est le cas de la lutte contre la pauvreté qui est devenue l'"évangile" tandis que les élites politiques et intellectuelles africaines en deviennent les apôtres attitrés voire même les affidés. Tout en luttant contre la pauvreté, ces élites se font du beurre pendant que les élites occidentales exploitent à la pelle les ressources naturelles et minières et les pauvres Africains s'enfoncent davantage dans la misère la plus noire. "Si moi, je ne le fais pas, l'autre le fera à ma place", dit l'exploiteur étranger. Du côté de l'élite politique africaine, c'est de la complicité: "Ce n'est pas moi qui changerais la situation et c'est le moment de faire fortune." Comme du temps de la traite des noirs, les populations africaines sont victimes de leurs propres frères.
Avec la mondialisation, la situation devient complexe. Hier, c'était les élites européennes qui agissaient sous contrôle de leurs gouvernements; aujourd'hui, ce sont les maffias indo-pakistanaises, libanaises et chinoises qui font les affaires avec les élites africaines au pouvoir. Actuellement, ces maffias peuvent décider de changer le régime politique dans un pays donné où elles sont puissantes. A la différence des élites occidentales, ces maffias restent indépendantes par rapport à leurs gouvernements respectifs.
En tout état de cause, tant que les penseurs africains n'ont pas encore trouvé des réponses de fond à la question de savoir pourquoi la traite négrière fut pratiquée avec la complicité des élites africaines, le continent noir risque de continuer d'être dominé par d'autres peuples. Au cas où les élites restent complices de la misère et contribuent à la domination de leurs propres frères, la population a le devoir de prendre son destin en main. Cela va exiger beaucoup de sacrifices et de patience. Peut-être les générations futures jouiront-elles de la liberté et de l'indépendance arrachées par leurs aïeux.