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Association des gabonais d'Amiens (AGA)
4 juin 2005

Charles Ntchorere: rappel historique

           PETIT RAPPEL HISTORIQUE:

Charles N'tchoreretchorere

AIRAINES est une modeste ville de 2000 habitants
située à 30 Km de la ville d'Amiens.
Cette ville a la particularité d'avoir le seul
monument en France dédié à un fils du Gabon (et l'un
des rares monuments dédiés à un Africain):
        le capitaine Charles NTCHORERE.

L'histoire d'Airaines et du Gabon commence à la
Seconde Guerre Mondiale,plus précisément en 1940.
Lors des combats de la Somme en mai et juin 1940 (qui
feront plus de 1200 morts),des centaines de soldats
Africains ont défendu avec courage la région de la
Picardie envahie par l'armée allemande.Ces soldats
appartenaient au 53ème R.I.C.M.S.(Régiment
d'Infanterie Coloniale Mixte Sénégalais).Parmi ces
illustres soldats anonymes se trouvait un officier
d'origine gabonaise:le capitaine Charles NTCHORERE.

Début juin 1940, l'armée allemande réussit à défaire
le 53ème R.I.C.M.S. et occupe la région de la Somme.
Après de sanglants combats et d'énormes pertes
humaines,le 53ème R.I.C.M.S. se replie sur la petite
ville d'Airaines (à 30 Km d'Amiens).
Le capitaine NTCHORERE et ses hommes sont faits
prisonniers par les Allemands. 
Le 07 juin 1940,pour avoir refusé de se soumettre,le
capitaine NTCHORERE est froidement et lâchement
exécuté par l'armée nazie.Son corps est ensuite broyé
par un char allemand.
La ville d'Airaines n'oubliera plus jamais ce soldat
gabonais considéré encore aujourd'hui comme un
véritable héros.

Albert POIRET,âgé de 18 ans en 1940 et fils d'un
fermier de la région,jure alors de rendre un hommage
mérité à ces soldats venus d'Afrique noire et qui ont
versé leur sang pour la France.
Au début des années 1950, Albert POIRET et son épouse
Raymonde s'offusquent de ne voir aucun monument,aucun
édifice,aucune plaque commémorant la mémoire de ces
centaines de soldats Africains morts pendant les
combats de mai et juin 1940.
Albert et Raymonde POIRET décident alors de récolter
des fonds dans la région afin de réparer cet oubli.
Et cela malgré l'opposition farouche d'une poignée de
notables de la ville.

Pendant plus de 10 ans,Albert et Raymonde POIRET vont
tenter de récolter des fonds en organisant des
manifestations socioculturelles et sportives
(kermesses, corridas, tournois sportifs,courses de
cyclisme...).

En 1965 Albert et Raymonde POIRET font construire un
monument dédié au Capitaine NTCHORERE à Airaines.
Le 07 juin 1965,le Mausolée NTCHORERE est inauguré à
Airaines en présence des autorités politiques et
diplomatiques gabonaises.
Grace à la persévérance de la famille POIRET, l'une
des principales rues de la ville est rebaptisée
"Avenue Capitaine NTCHORERE".

En 1969/1970,Albert et Raymonde POIRET partent à la
recherche d'étudiants gabonais à Amiens.
Il font la connaissance des deux premiers étudiants
gabonais inscrits à l'université d'Amiens:
-Daniel ONA ONDO (aujourd'hui Ministre et professeur
agrégé d'Economie).
-Fidèle MENGUE (aujourd'hui professeur agrégé de Droit
à l'U.O.B.).
Ces deux étudiants seront les premiers d'une longue
liste à visiter régulièrement la petite ville
d'Airaines.

Albert POIRET est malheureusement décédé en 1988.
Aujourd'hui,c'est son épouse Raymonde POIRET(âgée de
80 ans) qui poursuit son oeuvre.
Depuis les années 1970, les Gabonais d'Amiens et
d'ailleurs viennent régulièrement s'incliner devant le
Mausolée NTCHORERE (l'un des rares monuments dédiés à
un Africain sur le territoire français).

Malgré son âge avancé (80 ans) et quelques problèmes
de santé, Mme POIRET reçoit régulièrement des Gabonais
dans son restaurant "Le Rallye" situé à l'Avenue
Capitaine NTCHORERE à Airaines.

Cependant,les autorités municipales d'Airaines et la
famille POIRET régrettent malheureusement le peu
d'intérêt (voire le mépris ou l'indifférence) affiché
par les autorités diplomatiques et politiques
gabonaises à l'endroit de ce monument qui est une
marque de considération à l'égard d'un fils de notre
pays.

Chaque année au mois de juin (depuis 1965),la
communauté gabonaise est invitée par la municipalité
d'Airaines aux manifestations commémorant les combats
de la Somme de juin 1940 et rendant hommage au
capitaine NTCHORERE.Et presque chaque année depuis
1970 les autorités diplomatiques et politiques
gabonaises brillent par leur absence(à part quelques
exceptions).
Les étudiants gabonais d'Amiens sont souvent seuls à
représenter le Gabon à ces grandes manifestations.

En mars 2003, le Comité directeur de l'Association des
Gabonais d'Amiens a introduit auprès des autorités
diplomatiques (Ambassade et consulat)une demande de
décoration de Mme Raymonde POIRET.
Les Gabonais d'Amiens souhaiteraient que Mme POIRET
soit honorée par le Gabon pour tous les services
rendus à notre communauté.

Le dimanche 05 juin 2005 la ville d'Airaines célèbrera
le 65ème anniversaire des combats de la Somme et de la
mort du capitaine NTCHORERE.
Nous comptons sur la mobilisation de la communauté
gabonaise et sur la participation des autorités
politiques et diplomatiques de notre pays.
Et nous espérons que Mme POIRET sera ENFIN décorée et
honorée par le Gabon.

Capitaine N'Tchoréré
A Air-aines se déroule un drame atroce.

Le village a été installé en point d'appui fortifié dans la nuit du 4 au 5 juin par le commandant Seymour et son bataillon, le 1/53° R.I.C.M.S., appuyé par une batterie du 221° R.A.C.

A l'aube, comme la plupart des autres positions françaises, le I" bataillon est attaqué. Là encore, les Allemands subissent un échec cuisant, particulièrement face à la 5° compagnie, établie aux lisières nord, dans un groupe de maisons éparses, formant une position isolée.


Cette 5e compagnie est commandée par l'un des rares officiers afri­cains, le capitaine N'Tchoréré, un Gabonais de trente-cinq ans. Engagé volontaire, il a lentement conquis tous ses galons à la force du poi­gnet. Voici dix ans, on lui a conféré l'épaulette à l'occasion d'une bril­lante campagne au Levant. N'Tchoréré est notamment l'auteur d'un rapport sur la promotion sociale des sous-officiers indigènes, qui dans un premier temps lui a valu l'animosité de son chef direct, mais dont la justesse et l'intelligence l'ont fait, depuis, adopter dans la plu­part des unités africaines. Il se sent parfaitement à l'aise dans son commandement; d'ailleurs, ses cadres européens eux-mêmes sont fiers et satisfaits d'être sous ses ordres. N'Tchoréré est un chef. C'est une des raisons pour lesquelles le commandant Seymour l'a placé à un endroit crucial pour sa défense'. Toute la journée du 5, toute la nuit suivante, le bataillon Seymour s'accroche à Airaines. C'est pour les Allemands une position vitale, un carrefour important, indispensable pour acheminer renforts et ravitaillements divers aux unités engagées vers le sud, l'Arbre-à-Mou­ches, Mesnil-Eudin, et, au-delà, vers Poix.

Le I/53e ne faiblit pas. Très vite, il s'avère que la position est contournée, et étroitement serrée de tous côtés. Mais les Sénégalais se battent, sans abandonner un pouce de terrain. A l'aube du 6 juin, un effroyable bombardement combiné, artillerie-Luftwaffe, détruit la presque totalité du village, qui brûle, jusqu'au soir. L'assaut repart bientôt; du début de la matinée à la fin de l'après-midi. Seymour tient encore.

Au crépuscule, des parlementaires protégés par un drapeau blanc viennent suggérer une reddition - Vous battre ne sert plus à rien. Nous sommes arrivés devant Feuquières.

Seymour hausse les épaules. Feuquières se trouve à une qua­rantaine de kilomètres au nord-ouest d'Airaines.

- Si ma défense ne sert à rien, pourquoi vous acharner à l'atta­quer ?

Les parlementaires s'en vont, des menaces plein la bouche. - Nous vous anéantirons, promettent-ils. Seymour ne répond pas. Presque aussitôt débouche une nouvelle attaques. Les Allemands tentent de s'infiltrer dans les lisières nord et ouest dont les maisons, qui brûlent, sont difficilement défenda bles. Une contre-attaque de la 5e compagnie, qui les prend de flanc, les oblige à reculer.

La nuit vient, peuplée du fracas d'un bombardement d'artillerie comme encore jamais les Sénégalais n'en ont subi. Ils se réfugient dans les trous, les caves, à l'abri des pans de murs, les mains sur les oreilles, dans l'impossibilité de trouver ni repos ni sommeil. Très tôt, le matin, alors qu'une brume sale stagne encore au ras du sol, les vol­tigeurs ennemis repartent à l'attaque. Vu de leur côté, Airaines n'est plus qu'un tas de ruines fumantes d'où la vie ne peut qu'être absente. Il leur reste une çinquantaine de mètres à parcourir quand, à leur grande stupéfaction, ils voient les créneaux se garnir de visages noirs qui hurlent leur haine et qui tirent, tirent encore. Le I" Bataillon n'est pas vaincu. Il n'est pas anéanti non plus.

Quelques éléments se sont faufilés entre les gravats. Ils attaquent le P.C. du bataillon à la grenade et, en un coup au but, atteignent le dépôt de munitions qui saute, achevant encore un peu plus la destruc­tion du village. Du brasier qui ronfle émergent une dizaine de Séné­galais, coupe-coupe à la main, qui taillent en pièces les grenadiers. Ce sont les cuisiniers

Pendant ce temps, une autre attaque d'infanterie escortée de chars est repoussée par la 5° compagnie. Huit Panzers sont mis hors de combat. Cette fois, pour les Allemands, c'en est trop. Toute l'artillerie disponible, tous les chasseurs bombardiers en l'air sont rameutés sur le village d'Airaines dont le brasier se rallume. Il y a maintenant trois journées entières que le 1/53` R.I.C.M.S. se bat, tout seul, sans même espérer le moindre secours. Depuis la veille, les vivres mêmes sont épuisés. Il est 20 h 30. Le commandant Seymour comprend qu'il ne tiendra plus longtemps.

- La prochaine attaque emportera tout, dit-il. Nous n'avons même plus l'espoir de sauver le front. Nous avons rempli notre mis­sion au-delà de ce qui nous était demandé. Il veut mettre la nuit à profit pour faire retraiter les soldats en état de reprendre 'le combat ailleurs. Pour cette raison, il fait rassembler dans l'église les blessés et les quelque soixante prisonniers allemands, capturés au cours des combats, puis il charge le lieute­nant Guérin, de médecin du bataillon, de prendre contact avec l'ennemi dès que les rescapés seront partis. A ce moment arrive une estafette - Le capitaine N'Tchoréré demande l'honneur de rester ici, pour livrer le dernier combat d'arrière-garde. Seymour donne son accord.

La nuit est venue. Seymour et ses hommes commencent à évacuer Airaines. Très vite, les premiers éléments accrochent l'ennemi, au sud du village. Le combat, qui s'était assoupi, se rallume. Comprenant que les Français partent, des Allemands donnent un nouvel assaut, sur la face nord. Ils espéraient peut-être arriver facilement à bout de leur objectif, ils doivent déchanter. Les débris de la 5s compagnie sont encore là et les bloquent.

Pour les réduire, les panzerpionniers sortent alors les lance-flam. mes. Et c'est à la lueur des jets d'essence enflammée que se livrent les derniers combats, d'une sauvagerie inouïe. Il faut aux Allemands réduire un à un chaque emplacement. A dix heures du soir, munitions épuisées, réduite à une quinzaine d'hommes, la 5° compagnie met bas les armes'. Le capitaine N'Tchoréré sort le premier, tenu en joue par des dizaines de mitraillettes. Il veut éviter que ses hommes ne soient fusillés, à bout portant comme cela s'est déjà produit, il le sait. Impressionnés par la rudesse du combat, la fantastique résistance qui leur a été opposée, les vainqueurs sont prêts à admirer. Mais quelques SS veillent. Ils font le tri des prisonniers, séparent les Noirs des Européens et, brutalement, renvoient N'Tchoréré croupir avec la troupe. -- Je suis officier français, proteste le capitaine.

Un geste de mépris hautain, les SS n'admettent pas qu'un « sous­homme » ait accès à l'épaulette. Ils s'emparent du capitaine N'Tcho­réré, le poussent contre un mur et le fusillent aussitôt, malgré les pro testations de ses camarades, et même des prisonniers allemands qui ont été délivrés, dans l'église. N'Tchoréré était un héros. Les Coloniaux vont en faire un symbole.

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Commentaires
M
le brave Capitaine que la france nous a pris , repose en paix
J
Ntchoréré devrait être un exemple pour confronter les africains,noirs en l'occurrence dans leur fierté d'être nègre.Il devrait être cité lorsqu'on parle de négritude car il a décidé au prix de sa vie de ne pas être traité en sous-homme.On devrait le compter parmi c'est digne fils d'Afrique qui ont montré au monde ce qu'est la dignité du noir.Merci à la famille Poiret pour avoir permis de réhabiliter la mémoire de ce héros africain.C'est dommage que sont pays d'origine,le Gabon n'en dise pas trop sur le personnage et n'accorde pas assez d'intérêt à l'œuvre de l'homme.Je suis gabonais,étudiant au Sénégal.j ai été agréablement surpris et ce avec une grande émotion de savoir que ce pays frère avait dédier un lycée à Charles Ntoréré.Il s'agit du prytanée militaire de Saint-Louis.je voulais également dire que je suis tombé sur ce blog en cherchant des information dans le cadre d'un travail personnel que j'ambitionne de réaliser d'ici un an sur le capitaine Ntoréré.je suis en effet étudiant en journalisme et je souhaiterais réaliser un documentaire sur la perception que les sénégalais ont de ce personnage qu'ils se sont visiblement appropriés au point de lui dédier un établissement de formation d'enfants de troupes.Je souhaiterais recevoir d'amples informations sur Charles Ntchoréré,s'il y a des gens susceptibles de m'aider dans ce sens,je leur prie de bien vouloir m'écrire à l'adresse styvlasg2@yahoo.fr
S
Les archives du 53ème RICMS sont disponibles auprès du Service Historique de la Défense, division armée de terre, dans la série 34N.<br /> Je tiens à préciser que le Capitaine Ntchorere et un de ses fils ont été tués en 1940 et un second fils est tombé dans les rangs de la Résistance...
J
Quelques précisions sur la mort de ce valeureux Capitaine massacré froidement par les nazis: Il a refusé de mettre les mains en l'air, derrière la tête, comme les autres soldats noirs. Malgré les protestations vigoureuses des prisonniers Français "blancs" et de certains prisonniers allemands récemments délivrés, il a été tué à bout portant d'une balle derrière la tête par un officier allemand. Son corps a ensuite été mutilé en ayant été écrasé sous les chenilles d'un char.
S
bonsoir<br /> vous avez fait un très beau blog ( bravo )<br /> regis
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